« Odessa yiddish » journée de conférence le 10/01/2026

« Odessa yiddish » à la Maison de la culture yiddish

Située en Ukraine, la ville d’Odessa est l’une des rares villes d’Europe de l’Est à avoir acquis une place de choix dans l’imaginaire du grand public français. A la fin du XVIIIe siècle, cette terre au peuplement multiple (Grecs, Tatars, Ukrainiens, Moldaves, Arméniens, etc.) est conquise par la Russie qui y bâtit une ville nouvelle impériale.

Différents types de population sont encouragés à s’y installer pour faire de cette cité une ville moderne tournée vers l’Europe, notamment des Juifs dont l’afflux sera si massif qu’à la fin du XIXe siècle, ils constituent un tiers de la population de la ville (sur une population de 400 000 habitants en 1900). 

Si la ville d’Odessa abrite beaucoup de Juifs notamment yiddishophones au XIXe siècle, elle n’en devient pas pour autant un centre majeur du yiddishisme, à l’instar de Varsovie, par exemple. La forte assimilation linguistique des Juifs odessites, leurs caractéristiques sociales et l’emprise du sionisme politique font de la ville un terrain difficile pour le yiddishisme. 

C’est pourtant là que naît la première revue en yiddish de l’Empire russe sous l’impulsion d’Alexandre Zederboym, le supplément en yiddish Kol mevasser de la revue hébraïque Hamelitz. C’est aussi là que s’établie l’immense romancier Mendele Moykher-Sforim que Sholem-Aleykhem qualifiera de « grand-père de la littérature yiddish ».

Nous explorerons ce paradoxe de manière tout à la fois sérieuse et festive avec une journée entière consacrée aux aspects proprement yiddish de la ville d’Odessa. Arnaud Bikard retracera (en français) le parcours et l’œuvre d’un monument de la littérature yiddish : Mendele Moykher-Sforim. Yitskhok Niborski abordera (en yiddish) un jalon historique essentiel du développement de la presse yiddish : l’apparition de Kol mevasser. Nadia Déhan-Rotschild nous parlera (en français) de l’un des aspects les plus saillants de la culture odessite : sa musique, et enfin l’anthropologue Marina Sapritsky-Nahum, dont le dernier livre Jewish Odesa est consacré à la vie juive contemporaine d’Odessa, s’interrogera (en anglais) sur ce qu’il reste du yiddish et du yiddishisme à Odessa de nos jours. 

La journée de conférences s’achèvera sur un moment festif et gastronomique avec un buffet de spécialités odessites accompagné d’un programme de musique klezmer spécial Odessa, avec les musiciens Nicolas Dupin et Bastien Hartmann.

En bref, une journée qui ressemble à Odessa : polyglotte, diverse, artistique, instructive.

Samedi 10 janvier 2026

13h30 – Introduction de la journée avec Clarisse Brossard :

Odessa grecque, ukrainienne, russe, juive, sioniste… mais aussi yiddishiste ?

Suivi de la conférence : 

Odessa, antithèse du shtetl, dans l’oeuvre et la vie de Mendele Moykher-Sforim (1836 – 1917), avec Arnaud Bikard (en français, en hybride) 

Sholem Yankev Abramovitsh, plus connu sous le pseudonyme de Mendele Moykher Sforim, a passé près de quatre décennies à Odessa de 1881 à sa mort en 1917. Pourtant la ville occupe une place discrète, quoique révélatrice, dans son œuvre, essentiellement tournée vers l’intérieur de la zone de la résidence où la population juive de l’empire tsariste était contrainte de vivre. C’est ce rôle de miroir-inversé du monde du shtetl que nous nous proposons d’explorer dans cette présentation.

Arnaud Bikard est maître de conférences à l’Inalco et auteur de l’ouvrage La Renaissance italienne dans les rues du Ghetto (Brepols, mars 2020).

PAF : 7 € (adhérents) et 12 €

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15h30 La naissance de la presse yiddish à Odessa : Alexandre Zederboym et Kol Mevasser avec Yitskhok Niborski (en yiddish, en hybride)

Les années 1860 sont celles des débuts de la presse juive dans la Russie tsariste, qui naît sous l’impulsion de la Haskala (le mouvement des Lumières juif) et sous la double contrainte du débat intérieur sur la langue (russe, allemand, hébreu, yiddish) et des exigences du régime. Odessa joue un rôle essentiel dans ce développement. En ce qui concerne la presse en yiddish, sa genèse est marquée par la personnalité et la pensée d’Alexander Tsederboym (1816-1893), figure de la vie juive odessite, fondateur et directeur du premier périodique en yiddish, le Kol Mevaser (1862-1878).

Yitskhok Niborski est l’un des spécialistes mondiaux les plus renommés de la langue et de la littérature yiddish. Il enseigne le yiddish depuis 1966 à Buenos-Aires puis à Paris, notamment à la Maison de la culture yiddish et à l’Inalco (1986-2014). Spécialiste du poète, écrivain et dramaturge Aaron Zeitlin, il est co-auteur de deux ouvrages de référence publiés par les éditions Bibliothèque Medem: un dictionnaire yiddish-français et un dictionnaire des mots d’origine hébraïque en usage dans le yiddish.

PAF : 7 € (adhérents) et 12 €

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Bibliothèque nationale Vernadsky d’Ukraine, département Judaïca

17h15  La phonothèque ouvre ses portes sur la musique d’Odessa avec Nadia Déhan-Rotschild (en français, en présentiel ou hybride )

Comment Odessa, une des plus importantes agglomérations juives à la fin du XIXe siècle, ville des cafés et des voyous, un des berceaux du théâtre yiddish, n’aurait-elle pas laissé les traces d’un riche répertoire et de personnalités intéressantes dans la chanson yiddish ? En images et en enregistrements, nous y ferons une grande balade entre évocations nostalgiques et joyeuses surprises.

Nadia Déhan-Rotschild, dans les loisirs que lui laissent l’enseignement et la traduction du yiddish, collectionne les chansons yiddish et partage volontiers ses découvertes avec ses auditeurs.

 

PAF : 7 € (adhérents) et 12 €

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19h  Que reste-t-il du monde juif et du yiddish dans l’Odessa d’aujourd’hui ? conférence de clôture de Marina Sapritsky-Nahum (en anglais, en hybride)

Passé et présent du yiddish à Odessa :
Odessa occupe une place centrale dans l’histoire de la culture yiddish. Ce fut un carrefour de migration juive et un creuset pour les écrivains, les artistes et les militants qui ont contribué à façonner le monde yiddish moderne. Mais que reste-t-il aujourd’hui du riche héritage yiddish d’Odessa ? Dans cette présentation, Marina Sapritsky-Nahum, en collaboration avec le Musée juif d’Odessa, explore la mémoire du yiddish à Odessa telle qu’elle se reflète dans les collections du Musée, et offre un aperçu des différentes façons dont le yiddish est commémoré, évoqué et vécu dans les foyers des Juifs d’Odessa aujourd’hui. Dans le contexte de la guerre en cours, elle s’interroge sur l’avenir de la culture yiddish à Odessa et dans toute l’Ukraine.

Marina Sapritsky-Nahum est une anthropologue sociale basée à Londres qui mène des recherches sur la vie juive en Ukraine depuis plus de deux décennies. Elle est chercheuse invitée à l’University College London (UCL) et à la London School of Economics (LSE) et est l’auteure de Jewish Odesa: Negotiating Identities and Traditions in Contemporary Ukraine (Odessa juive: Négocier les identités et les traditions en Ukraine contemporaine). Elle mène actuellement des recherches sur le patrimoine culturel juif ukrainien et effectue un travail ethnographique de terrain auprès de réfugiés juifs ukrainiens en Europe.

The Past and Present of Yiddish Odesa
Odesa occupies a central place in the history of Yiddish culture, serving as a crossroads of Jewish migration and a crucible for writers, performers, and activists who helped shape the modern Yiddish world. But what remains of Odesa’s rich Yiddish heritage today? In this presentation, Marina Sapritsky-Nahum in collaboration with the Jewish Museum of Odesa explores the memory of Yiddish in the city as reflected in the collections of the city’s Jewish Museum and offers insight into the various ways Yiddish is remembered, evoked, and lived in the homes of Jewish Odesans today. Framed by the context of the ongoing war, she asks what future Yiddish culture might have in Odesa and across Ukraine.

Marina Sapritsky-Nahum is a social anthropologist based in London who has researched Jewish life in Ukraine for over two decades. She is a visiting Fellow at the University College London (UCL) and the London School of Economics (LSE) and the author of Jewish Odessa: Negotiating Identities and Traditions in Contemporary Ukraine. She is currently conducting research on Ukrainian Jewish Cultural Heritage and ethnographic fieldwork with Ukrainian Jewish refugees in Europe. 

 

PAF : 7 € (adhérents) et 12 €

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20h45 – Clôture festive avec un apéro dinatoire en musique

Quittons Odessa dans les gourmandises en tous genres : les assiettes de spécialités juives d’Odessa (tsimes odessite, caviar d’aubergine, forshmak) seront accompagnées d’un programme klezmer spécial Odessa, avec Nicolas Dupin et Bastien Hartmann.

PAF : 20 € (adhérents) et 25 €

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